Barnabé, évangélisateur de Chypre

Joseph, surnommé Barnabé, juif helléniste, lévite (ministre du culte), est né à Chypre, issu d’une des couches les plus fortunées de la société juive. Riche propriétaire foncier, il est généreux : il a vendu ses terres pour en apporter le prix aux apôtres et s’est mis au service des frères chrétiens. 

 

Influence de Barnabé sur Paul.

A Antioche, Barnabé se sent dépassé pour accomplir une telle mission. Il a alors ce coup de génie d’aller chercher à Tarse l’homme capable d’animer cette jeune communauté bouillante : Saul (Ac 11, 25-26).

Barnabé et Saul se complètent admirablement. Une tradition locale rapporte que Paul parcourt la ville et discourt dans les rues comme le font les philosophes itinérants de l’époque. Ainsi, le christianisme cesse d’être une religion des faubourgs, confinée dans les synagogues, ce qui amène les autorités romaines à prendre conscience de son originalité, et à la distinguer  du judaïsme : « C’est à Antioche que, pour la première fois, le nom de « chrétiens » fut donné aux disciples » (Ac 11, 26).

Durant cette année passée à Antioche, Barnabé a sur Paul une influence certaine. Paul découvre auprès de Barnabé la nécessité d’adapter son mode de vie aux exigences du monde  gréco-romain. Par exemple, ils vont être les seuls, parmi les apôtres, à travailler de leurs mains pour assurer leur subsistance. Ils vont être également seuls à rester célibataires pour garder leur liberté d’action. Ils ont l’intime conviction que leur désintéressement et leur liberté sont un atout majeur pour remplir leur mission : celle d’éveiller les païens à la gratuité de l’amour de Dieu. Paul écrira plus tard : « Je suis libre d’offrir gratuitement l’Evangile que j’annonce » (1 Th 9, 18).

Le départ pour Chypre.

C’est à Antioche qu’un jour l’Esprit Saint les désigne pour annoncer l’Evangile dans le bassin méditerranéen. Très finement, Luc, au début du premier voyage, parle de « Barnabé et Paul » et, au retour, de « Paul et Barnabé ». Car Barnabé est un maître : non pas celui qui commande, mais celui qui sait former les hommes et se réjouit de passer à la deuxième place quand il est dépassé par eux. Cependant, il a du caractère : avec Paul, il tiendra tête aux opposants et obtiendra, au concile de Jérusalem, que l’Eglise s’ouvre définitivement au monde païen.

La rupture entre Paul et Barnabé.

Mais avec Paul tout n’est pas facile : lors du deuxième voyage, les deux apôtres doivent  repartir ensemble : « On emmène mon cousin Jean-Marc », dit Barnabé. « Pas question, dit Paul, il nous a quittés pendant le voyage précédent » – « Si, reprend Barnabé, autrement je ne viens  pas « ? « On s’échauffa, conclut Luc, et on finit par se séparer. Paul part avec Silas, et Barnabé avec Marc ». Chacun, dès lors, suivit sa propre voie. Paul sillonna le bassin méditerranéen. Barnabé retourna vivre parmi les chrétiens de Chypre ; et c’est là, suivant une tradition qu’il termina sa  vie par le martyre. On célèbre sa fête le 11 juin.